Ahmed Zaki Yamani, L’action politique des femmes musulmanes : plus qu’un droit, un devoir

 

 

Le 23 mars 2022, la politicienne de l’opposition somalienne Amina Mohamed Abdi a été assassinée alors qu’elle menait sa campagne électorale à Beldweyene, au centre de la Somalie. Cet attentat a été revendiqué par le groupe terroriste Al-Shabaab.

Photo 1 : Amina Mohamed Abdi, source : UNPOS

Selon le quotidien britannique The Guardian[1], l’assaillant aurait couru à la rencontre de la politicienne et l’aurait embrassée avant de faire exploser la bombe. Amina Mohamed Abdi était en pleine campagne électorale. Elle était connue pour sa position critique à l’égard du gouvernement somalien en place. Confrontée à cet attentat, j’ai décidé de publier un essai d’Ahmed Zaki Yamani que[2] j’avais traduit il y a quelques années, du vivant de l’ancien ministre du Pétrole du Royaume d’Arabie Saoudite.

Ahmed Zaki Yamani est certainement connu de nombreux lecteurs parce qu’il a été victime de la prise d’otages de l’OPEP à Vienne en 1975. Cependant, peu de gens connaissent son essai sur les droits des femmes en islam, dans lequel il traite de la compétence politique des femmes dans le cadre de la loi islamique.

Ahmed Zaki Yamani est né à La Mecque en 1930, a étudié au Caire, à New York et à Harvard, puis a enseigné en Arabie saoudite à l’Université de Riyad.

Il a ensuite commencé sa carrière politique au ministère du Pétrole et au ministère des Ressources minérales entre 1962 et 1986. Dans les années soixante-dix, Zamani a travaillé en étroite collaboration avec l’OPEP. C’est dans ce contexte que se situe son enlèvement.

Il a été démis de ses fonctions au ministère saoudien du Pétrole en 1986.[3]

Son article intitulé « The Political Competence of Women in Islamic Law », que je voudrais présenter dans ce petit livre en traduction française, est toujours d’actualité en raison des conflits politiques et armés actuels dans le monde musulman.

En outre, cette contribution d’Ahmed Zaki Yamani est pionnière, car elle ne parle pas seulement des droits, mais surtout des compétences et des devoirs des femmes dans le cadre de la politique islamique.

Photo 2 : Ayisha Osori, source : Wikipedia

Parce que les droits des femmes signifient avant tout des devoirs des femmes et donc aussi l’acquisition de compétences par les femmes musulmanes afin de faire entendre leur voix dans la politique et société islamiques.

Dans cet essai, Yamani encourage les sociétés musulmanes à impliquer les femmes dans la politique islamique et à promouvoir les compétences féminines pour permettre le progrès et le développement de la société islamique dans son ensemble.

Pour le politicien et juriste saoudien, l’implication des femmes dans la politique n’offre pas seulement une possibilité ou une option :  elle est une nécessité urgente pour l’ Oumma musulmane, qui traverse une crise politique et sociale profonde.

Dans ce contexte, Yamani rejoint de nombreuses thèses des féministes musulmanes lorsqu’il décrit comment les sociétés musulmanes étroites d’esprit refusent aujourd’hui aux femmes les compétences politiques en interdisant leur engagement politique, tandis que dans l’islam, la femme est pratiquement obligée d’agir socio-politiquement et d’acquérir des compétences dans ce domaine pour s’engager activement et dynamiquement en faveur de la justice sociale et du progrès dans sa communauté et dans son environnement socio-politique.

Milena Rampoldi, Istanbul, avril 2022.

 

[1]Voir l’article suivant sur The Guardian Online du 24 mars 2022 intitulé « Female Opposition MP among dozens killed in Somalia bombing ».

[2]Yamani A. Z, « The Political Competence of Women in Islamic Law », in  Islam in Transition, Muslim Perspectives, publié par John J. Donohue, John L. Esposito, Oxford University Press, New York et Oxford 2007, pp. 170-177.

[3]Voir à ce sujet l’article suivant du Los Angeles Times du 29 mars 1988, qui parle de l’envie et des discussions politiques qui auraient coûté son poste à Yamani. Ici on explique : « Sheik Ahmed Zaki Yamani lost his job as Saudi Arabian oil minister in 1986 because of petty jealousies and policy disputes with King Fahd, according to a biography published on Monday. The abrupt firing of the man seen as the architect of OPEC’s rise in the 1970s stunned the oil world and made many experts wonder if the cartel would lose its authority.” En revanche, l’article du Times du 30 octobre 1986 indique : “Saudi Arabia today dismissed Oil Minister Sheik Ahmed Zaki Yamani, OPEC’s principal power broker and the architect of Saudi oil policy for a quarter century. The official Saudi Press Agency… gave no reason for Yamani’s dismissal, but said he had been replaced by Planning Minister Hisham Nazer“.

 

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